Entendre dans sa bonne tonalité un texte biblique n’est pas immédiat, en particulier à la messe. Il est souvent intéressant de faire une courte introduction aux textes proclamés. C’est ce que Christiane Marmèche avait fait le 3 avril 1999 lors de la veillée pascale d’Eaubonne où Elsa avait été baptisée. Elle était étudiante en hypokhâgne, et Christiane l’accompagnait personnellement depuis un an dans le cadre de l’aumônerie du second cycle dont elle était animatrice. Ce soir-là elle a introduit deux textes : le texte d’Exode (Ex 14, 15 – 15, 1a) où les Hébreux qui étaient esclaves en Égypte ont passé la Mer Rouge pour se constituer en peuple et un jour être libres, et le texte d’Ézéchiel (Ez 36, 16-17a.18-28) dont figure ici un extrait en traduction littérale (lors de la veillée pascale le texte a été lu dans la traduction liturgique ).
« Les fils d’Israël avaient marché à pied sec au milieu de la mer les eaux formant comme une muraille à leur droite et à leur gauche. Ce jour-là, le Seigneur sauva Israël de la main de l’Égypte. » (Ex 15, 29-30)
Le projet de Dieu est de libérer l’homme de tout ce qui le rend esclave : dans son corps, dans son esprit, dans sa dignité. C’est cela que le vieux texte d’exode veut nous dire. Le pharaon d’Égypte est l’image de toutes les puissances qui nous enferment. La traversée de la mer dans le couloir formé par les murailles d’eau représente une sorte de naissance à l’image de ce qui se passe pour le bébé.
« Je verserai sur vous de l’eau pure et vous serez purifiés de toutes vos iniquités… je vous donnerai un cœur nouveau, et je donnerai un esprit-souffle nouveau à l’intérieur de vous (dans vos entrailles) ; je détournerai de votre chair le cœur de pierre, et je vous donnerai un cœur de chair. » (Ez 36, 25-26 en traduction littérale)
« On ne s’en sortira pas si Dieu ne s’y met pas » constate Ézéchiel en exil. C’est donc Dieu qui va rassembler Israël sur sa terre. Mais un simple sauvetage ne suffira pas. Passer d’un univers où chacun se conduit mal avec autrui, à un univers de paix, cela suppose un retournement dont seul l’Esprit de Dieu peut être l’auteur. Dieu va donc purifier chacun par l’eau, et il va mettre son Esprit (son Souffle) au plus profond des corps (le texte hébreu parle des entrailles). Aujourd’hui encore Dieu est sauveur et créateur, en particulier quand tout fout le camp et que nous sommes en miettes avec nos questions, avec nos doutes. À nous de recevoir la vraie vie toujours à nouveau comme un cadeau.